Acheter un couteau régional
Ayez une démarche environnementale !
Beaucoup trop de couteliers utilisent des bois tropicaux et participent ainsi à l'apauvrissement des forêts et de la population de certains pays.
Les bois tropicaux sont rarement issus d'une gestion forestière responsable. « Eco-responsable » ne veut rien dire quand il n'y a aucune traçabilité. Ces arbres viennent généralement du Myanmar (ex Birmanie), de la Papouasie Nouvelle-Guinée, du Liberia, de la Chine, de la République Démocratique du Congo, de Madagascar, d'Europe de l'Est et même du continent américain.
Pour préserver la biodiversité et protéger les populations locales, de nombreuses essences sont aujourd’hui interdites. Commercialiser ces bois revient à contribuer à leur disparition.
Agir concrètement en faveur de la nature, c’est privilégier l’usage de bois issus de forêts européennes gérées de manière responsable.
En France, nous avons par exemples des essences de bois pouvant ëtre utilisées pour la coutellerie
(pas de conifères) : abricotier - chêne vert - amandier - aubépine - aulne - bouleau - bruyère - buis - cerisier - châtaigner - eucalyptus - frêne - genévrier - hêtre - lilas - merisier - nerprun - noisetier - noyer - olivier - oranger - platane - pommier - robinier - mimosa - micocoulier - pistachier - etc.
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Le bois stabilisé
Le bois stabilisése fait avec une résine syntétique ou avec un vernis naturel, pour les manches de couteaux.
On préserve ainsi la beauté du bois avec davantage de dureté, d'imperméabilité et de résistance.
La technique est simple, il suffit de faire le vide d'air dans les fibres du bois pour le remplacer par le produit.
Pour cela, il nous faut une pompe à vide, un vase d'expansion (pour éviter la remonté du vernis), un récipient transparent (pour voire les bulles d'air remontées) et du tuyau pour relier l'ensemble.
L'étanchéité de cet ensemble doit être parfaite.
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Les manches en ivoire de mammouth
L'ivoire de mammouth sert aujourd'hui au blanchiment illégal d'ivoire d'éléphant.
Longtemps après leur mort, les mammouths font aujourd'hui les frais des pilleurs. Si ces animaux se sont éteints il y a plusieurs milliers d'années, leurs restes ont été relativement bien conservés dans le pergélisol (sol en permanence gelé). En raison du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, plusieurs centaines de tonnes de défenses de mammouths (matériel paléontologique) ont été exportées par les trafiquants, accélérant leur commercialisation. Leur valeur a d'ailleurs considérablement augmenté, passant en moyenne de 350 dollars le kilo (environ 300 euros) en 2010 à 1900 dollars le kilo (environ 1400 euros) en 2014 pour de l'ivoire en bon état, indique un rapport de l'organisation "Save the Elephants".
Vous avez la possibilité d'acheter des couteaux avec un manche en os de bovin ou de chameau (viandes utilisées pour sa consommation) au lieu de l'ivoire de mammouth. L'os de giraffe est à proscrire.
Voici un exemple de manche en os de bovin qui remplace bien l'ivoire de mammouth.
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Les manches en corne
En France, la corne provient d'abattage (normalement) aux normes européennes, c'est à dire sans souffrance animale ou, pour le cerf et le cheuvreuil, de la chasse.
Attention : pour la corne de bovin, celle-ci ne supporte pas les grosses chaleurs. Ne jamais laisser votre couteau de poche à manche en corne de bovin derrière une vitre en plein soleil car elle risque de se recourber.
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Les couteaux à lame damas :
La technique du damasquinage consiste à superposer à la forge des couches d'aciers durs et tendres les unes sur les autres, puis ensuite de faire ressortir ces différentes couches par un traitement au perchlorure de fer.
Il en résulte une lame très esthétique et visuellement unique mais pour des lames dont le dos est inférieur à 5mm, le métal peut se séparer après un usage régulier.
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Choisir son couteau régional
Mêmes si beaucoup de couteaux régionaux ont été créés et continuent d'être fabriqués à Thiers (63), veillez à les acheter, aujourd'hui, auprès des couteliers qui les fabriquent dans leur région et non à Thiers (sauf le Thiers), en Chine ou ailleurs...
Un couteau de poche doit-être non seulement joli mais aussi agréable à tenir en main (sauf s'il doit finir sa vie dans une vitrine).
Si les matériaux utilisés sont de bonne qualité, le couteau sera réparable en cas d'accident.
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Un couteau régional n'est pas forcément ancien
A une époque où on nous impose une uniformisation (suppression de Régions, mixages de Communes, volonté de certains de supprimer les Départements, etc.) nous avons besoin de garder notre identité.
Certains couteliers créent un couteau à l'image du lieu où il travailllent. Or, un petit nombre de détracteurs appellent ces couteaux, des "néo-régionaux".
Ci-dessous, un vieux couteau Laguiole (source : "Couteaux des Gaules et d'Ailleurs") qui ne ressemble pas à celui que nous connaissons aujourd'hui. Je n'ai jamais entendu le terme "néo-laguiole".
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Entretien du couteau de poche
La lame de votre couteau peut être aiguisée régulièrement à l’aide d’une pierre d'affûtage (grain très fin) ou d'un fusil. Le talon de la lame se place sur le haut de la pierre. De haut en bas, le mouvement s’alterne d’un côté et de l’autre de la lame. La pierre d'affûtage doit être préalablement mouillée avec un peu d'eau ou d'huile. Après chaque utilisation, la lame doit être lavée avec une éponge humide et essuyée avec un chiffon doux. Les aciers carbone s’oxydent naturellement et craignent l’humidité.
ATTENTION : les lames en acier carbonne s'affûterons plus facilement que les lames en inox.
Le mécanisme d’ouverture des couteaux fermants peut être lubrifié régulièrement avec de l'huile de machine à coudre ou de cuisine mais jamais de l'huile dégrippante.
Les matières naturelles végétales et animales du manche sont vivantes et réagissent aux variations d’hygrométrie et de température. Les bois, les cornes et l'os peuvent être régulièrement nourris avec des produits naturels (mélange à 50 % d'huile de lin et 50 % d'essence de térébenthine) afin de conserver leur éclat.
Le passage en lave-vaisselle est proscrit.
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Un livre que je conseil :
Couteaux de Poche
de Dominique Pascal
"Les couteaux sont des petits bijoux de l’artisanat. Du couteau Suisse à la serpette de vigneron et du Laguiole au couteau de plaisancier, chaque corps de métier possède son couteau, un outil fétiche. Découvrez dans cet ouvrage tout ce qui fait l’histoire des couteaux de poche traditionnels, outils ancestraux, symboles d’une région et d ’un savoir faire particulier. Au travers de photographies uniques, provenant de collections privées, et des explications techniques détaillées sur l’origine de chaque couteau, les procédés de fabrication, la place qu’il occupe dans notre patrimoine, partez dans un voyage original au cœur de la France profonde et de ces trésors artisanaux qui ne cessent de nous émouvoir".